Résumé et captation de la soirée-conférence 1

L’édifice. La cathédrale Saint-Jean-Baptiste de Nicolet est un imposant ouvrage en béton qui s’élève en bordure du boulevard Louis-Fréchette, en contexte suburbain. Achevée en 1963, elle fut conçue par l’architecte Gérard Malouin, en collaboration avec les ingénieurs Bourgeois et Martineau et l’entreprise française Dumez spécialisée en voile de béton. L’édifice se distingue par son impressionnante toiture tout en courbes que surmonte en son centre un clocheton, par sa façade principale bombée tout en vitrail coloré que souligne une mince marquise et par son campanile détaché.

Statut patrimonial. La cathédrale Saint-Jean-Baptiste de Nicolet est inventoriée au Répertoire du patrimoine culturel du Québec ainsi qu’a celui des lieux de culte du Québec où elle est évaluée « incontournable » (A). Afin de soutenir la compagne de financement des travaux, en 2017, un livret fut préparé par Sophie Lamarche, alors étudiante finissante en architecture moderne et patrimoine à l’UQAM, dans le cadre d’un stage au Conseil du patrimoine religieux du Québec.

Les problèmes. Dégagée de tous les côtés, la toiture subit les intempéries de plein fouet, notamment les forts vents et les bordées de neige. Sa géométrie complexe favorise les accumulations de neige dont l’enlèvement a entraîné des coûts d’entretien importants et contribué à sa détérioration.

Le mandat. Le mandat était de sécuriser le clocheton branlant, de résoudre les problèmes chroniques d’infiltration d’eau et de proposer des solutions à long terme pour la gestion de la neige, de la glace et des eaux pluviales, tout en préservant la valeur patrimoniale du bien.

Les études préalables. Plusieurs analyses techniques furent commandées, notamment des simulations des effets du vent et des accumulations de neige. À celles-ci s’est ajouté l’observation in situ afin de bien repérer les dispositions problématiques de la couverture et de son système d’écoulement des eaux ainsi que leurs conséquences sur les murs et au sol.

Le projet. La stratégie choisie est de ne pas tenter de retenir la neige et la glace, mais plutôt de viser à réduire les accumulations au toit en réduisant les frictions pour favoriser les glissements progressifs et en installant sur les toits plats des dispositifs de fonte. Au sol par contre elles sont en partie tolérées, tout en prévoyant des opérations de déneigement afin d’éviter la détérioration de la maçonnerie. La nouvelle membrane est un PVC monocouche blanc en pleine adhérence, choisie pour son prix, son apparence et sa surface lisse, un produit qui a fait ses preuves au Centre Rogers à Toronto, à l’église Saint-François-D’Assise à Montréal, au Saddledome à Calgary et au Stade olympique de Montréal. Elle est appliquée sur un isolant constitué de panneaux de polyisocyanurate de haute densité insérés dans un quadrillage métallique, un pare-vapeur autoadhésif étant posé en premier sur le voile de béton. Le plan de pose fut étudié avec soin afin que la nouvelle couverture épouse au mieux la géométrie complexe du toit. Par ailleurs, ponctuellement, le profil du toit ainsi que certains de ses détails furent corrigés afin d’éviter les accumulations. Les gouttières furent remplacées par un système de solins métalliques dont le profil éloigne l’eau de ruissellement des murs. Les gargouilles en béton furent reproduites à l’identique et toutes les surfaces en béton apparentes restaurées.

Le chantier. Le chantier fut complexe vu l’ampleur et la géométrie de la toiture. De nombreux essais furent réalisés avant de mener à bien les opérations de pose de la membrane. Le béton apparent n’a pas pu pu être entièrement décapé vu son état de détérioration. Une peinture au polyuréthane fut appliquée en 2021 et son comportement dans le temps est satisfaisant. Restent à remplacer le clocheton, à restaurer la marquise, la maçonnerie et le plafond à l’intérieur, une dernière intervention qui pose de grands défis.

Leçons. Les principales leçons de ce projet : tout ne peut être prévu, les surprises sont nombreuses ; l’importance des études préalables ; travailler avec les fabricants dès la conception ; privilégier la résilience plutôt que la résistance.