Le 9e d’Eaton restauré ouvert le 17 mai 2024

Vendredi, le 19 avril 2023, nous avons participé à la visite de presse organisée par Ivanhoé Cambrigde, dans les valises de Radio Canada ; la journaliste du Télé journal nous avait appelé la veille pour nous inviter à l’accompagner. J’étais très curieuse de revoir l’ancien restaurant du 9^e, un intérieur classé dans le cadre de la Loi sur le patrimoine culturel du Québec, remis à neuf. Depuis 2018 et le premier événement organisé en vue de valoriser ce haut lieu de l’art déco fermé depuis 1999 et la faillite de la chaîne Eaton, Docomomo Québec attendait un tel événement. Nous ne nous étions pas trompés alors qu’en avril 2023, nous avions fait confiance à Ivanhoé Cambrigde, son propriétaire, et ses architectes, la firme EVOQ, pour mener à bien ce chantier.

Nous avions récemment visité le lieu à deux reprises : en avril 2023, alors que les travaux n’étaient pas amorcés, à l’invitation d’Ivanhoé Cambrigde, dans le cadre d’une rencontre organisée pour les groupes en patrimoine lors de l’annonce de la réouverture ; le 21 février dernier, en compagnie de Georges Drolet, l’associé responsable du projet au sein d’EVOQ, dans le cadre du cours Études préparatoires du DESS en architecture moderne et patrimoine de l’UQAM. À cette occasion, l’architecte nous avait présenté l’étude que l’agence a réalisée afin de guider l’intervention. Celle-ci vise à entre autres établir l’écart existant entre l’état d’origine et l’état actuel, certes, dans la mesure des documents d’époque disponibles qui sont rares. L’intervention est qualifiée de « réhabilitation » plutôt que de « restauration », car certaines modifications ont dû être apportées au bâti pour répondre à l’usage contemporain.

Le 9^e sera à nouveau un restaurant, cette fois, à l’enseigne de l’« Île-de-France », la dénomination patrimoniale officielle du bien. Ses 120 places occuperont le foyer-promenoir tandis que la grande salle, d’une capacité d’environ 400 sièges, est destinée à des événements et des spectacles. Afin d’assurer leur fonctionnement simultané, une entrée secondaire, via une petite salle d’accueil, est aménagée dans le hall des ascenseurs. Depuis la transformation de l’immeuble en centre commercial et immeuble de bureaux en 2002, seule la batterie d’élévateurs de l’est est conservée. À la place de celle de l’ouest, des toilettes de plain-pied sont aménagées afin de compléter celles d’origine accessibles par quelques marches. Une grande porte vitrée sépare le foyer-promenoir du hall qui est partagé avec les locataires occupant le reste de l’étage. Cette paroi installée à environ un pied de la ligne de partage entre les deux espaces différenciés par leurs traitements muraux — plâtre versus marbre — pour des raisons structurelles, m’est parue perturbante, car elle interrompt le caisson lumineux, néanmoins, à première vue seulement.

Vu l’attention apportée à la restitution des finis d’origine, l’intervention peut être qualifiée de restauration en ce qui concerne les pièces principales — les deux halls latéraux, le foyer-promenoir, la grande salle et les deux petites salles à manger attenantes, de même que les toilettes. Quelques éléments du mobilier classé ont retrouvé leur place. Néanmoins chaises, tables et comptoirs sont neufs.

Des visites publiques seront offertes par Héritage Montréal. Le restaurant et la grande salle sont opérés par un regroupement d’entrepreneurs montréalais incluant Jeff Baikowitz, Marco Gucciardi, Andy Nulman, Madeleine Kojakian et le collectif les 7 Doigts. Souhaitons-nous qu’ils prennent grand soin du lieu afin de préserver son authenticité qu’a réussi à lui redonner EVOQ.