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L’Estérel : soirée d’information le 19 décembre, à 19 heures

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Il y a moins d’un mois, l’auberge du domaine de l’Estérel était rasée par le feu, comme l’a rapporté ce site qui faisait alors mention de l’appel d’offres lancé par la Ville de Sainte-Marguerite-du-Lac-Masson pour l’achat et la réalisation d’un projet de re-développement de son centre culturel. Mercredi le 19 décembre lors d’une séance publique qui se tiendra à 19 heures à la salle du manège, 414, rue du Baron-Louis-Empain, le Conseil municipal annoncera sa décision quant à l’avenir de l’ancien community center du domaine de L’Estérel actuellement occupé par les bureaux de l’hôtel de ville et utilisé pour diverses activités sportives et culturelles.

Ce bâtiment érigé en 1937 est un élément précoce du patrimoine moderne du Québec, d’autant plus précieux qu’il est le dernier témoin du domaine de L’Estérel construit entre 1936 et 1939 pour accueillir une clientèle cosmopolite de villégiateurs au coeur de la nature sauvage des Laurentides. En octobre dernier, l’ancien hôtel de la Pointe-Bleue a disparu sous le pic des démolisseurs et ce qui restait des écuries fut rasé voilà quelques années. Celles-ci formaient avec le club sportif qui s’élevait sur les bords du lac Dupuis et qui a été transformé en hôtel dans les années 1960, l’autre point de service du domaine.

Tous ces bâtiments sont des réalisations de l’architecte belge Antoine Courtens et de son confère montréalais Louis Nicolas qu’avait engagé le baron Louis Empain, un riche héritier belge qui avait décidé d’investir au Canada. En 1935, séduit par les paysages sauvages des Laurentides, il avait acheté un territoire d’environ 7 000 hectares autour des lacs Masson, Dupuis et Nord afin d’aménager un ensemble voué aux activités de plein air d’hiver et d’été, sans pour autant négliger le confort et le luxe. En Belgique, Courtens est reconnu comme un des principaux représentants de l’Art déco et plusieurs de ses réalisations sont protégées par la loi et restaurées. Au Québec, où il a séjourné pendant plusieurs mois pour réaliser le domaine de L’Estérel, cet ancien élève du maître belge de l’Art nouveau, Victor Horta, s’est montré plus avant-gardiste que dans son pays natal, concevant un ensemble où modernisme et régionalisme se côtoient, l’architecture abstraite et blanche des équipements collectifs se démarquant des constructions en bois rond de l’auberge et des chalets, une facture rustique alors appréciée pour la villégiature. La valeur historique du domaine de L’Esérel prend toute sa mesure comparée au Château Montebello construit quelques années plus tôt.

Lors de son inauguration en 1937, le community center était un des tout premiers équipements commerciaux conçus pour la voiture. Par sa silhouette qui épouse le déplacement de l’automobile, il fait penser à la villa Savoye terminée par Le Corbusier en 1929. En périphérie, le bâtiment accueillait des boutiques et en son coeur, un garage, et son éperon ceinturé d’un grand mur-rideau se prolongeait par le long et mince auvent d’une station-service. Certes, le bâtiment en béton accuse son âge et a perdu de son intégrité. La partie basse fut reconstruite suite à un incendie et les minces auvents de béton se sont désintégrés. Cependant, il présente encore de très beaux restes. Le vaste hall d’entrée où se déploie le grand escalier, est impressionnant et l’ancienne salle du restaurant dancing du dernier étage exhibe encore de nombreuses finitions d’origine. Sur le plan constructif, sa structure en béton semble saine et son mur-rideau en bois, un dispositif très nouveau à l’époque, devrait pouvoir être restauré. FVL-17-12-2012

Pour avoir plus de détails

Ville de Sainte-Marguerite-du-Lac-Masson, «Actualités», en ligne http://www.ste-marguerite.qc.ca/.

Pour aller plus loin

Aubry, Françoise, Jos Vandenbreeden et France Vanlaethem, L’architecture en Belgique : Art nouveau, Art déco et modernisme, Bruxelles, Racine, 2006, 408 p., ill.

Culot, Maurice et Anne-Marie Pirlot, Antoine Courtens, créateur Art déco, Bruxelles, AAM Éditions, 2002, 118 p., ill.

 

 

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