Sainte-Marguerite-du-Lac-Masson : négation du patrimoine moderne

Bientôt il ne restera plus rien du patrimoine moderne de Sainte-Marguerite-du-Lac-Masson. Le Conseil municipal après études, a décidé de se départir de l’ancien Community Center du domaine de l’Estérel et déménager les bureaux de l’hôtel de ville et les activités sportives et culturelles qui y étaient hébergés, dans l’ancien couvent situé dans le coeur du village. La mairesse et la directrice de la Ville ont informé les citoyens de leurs intentions lors de la séance publique convoquée mercredi soir dernier où, par ailleurs, le résultat de l’appel d’offres n’a été rapidement mentionné. La demi-douzaine de professionnels qui les secondaient, ont fait état des études techniques commandées à divers bureaux d’ingénieurs afin de les éclairer dans leur décision sur l’avenir du centre culturel. Grossissant à dessein le trait, ils ont brossé un état des lieux dramatique du bâtiment construit en 1937 et dont la plupart des finitions et des systèmes techniques datent de cette époque. En effet, il est en bien mauvais état d’autant plus que ces derniers années, son entretien a été réduit au minimum, et il ne répond plus aux normes de sécurité et de salubrité. Mais, si un tel diagnostic devait toujours déboucher sur une décision qui résulte en un arrêt de mort, il resterait bien peu d’éléments de patrimoine. Par exemple, alors que la villa du baron Empain à Bruxelles fut restaurée, il n’était pas en bien meilleur état. Mais il semble que nous ne sommes pas assez riches pour conserver notre héritage. La rénovation du bâtiment est estimée à 20 millions.

Cette décision n’est pas étonnante, la conservation du patrimoine moderne n’est pas une priorité du Plan stratégique de développement 2012-2022 dévoilé par la Ville en novembre dernier. Ce document ne mise qu’accessoirement sur le patrimoine, son objectif étant de tabler sur les opportunités qu’offre le milieu naturel pour développer «un cadre de vie prospère et agréable pour la famille». S’il y est reconnu que Sainte-Marguerite-du-Lac-Masson bénéficie d’un patrimoine important, sans souligner la place qu’y occupe le patrimoine moderne, les mesures proposées concernent plus sa diffusion que sa préservation. Traitant de patrimoine dans la cinquième et dernière orientation du Plan stratégique, la Ville prévoit organiser un circuit de découverte du patrimoine, sans s’imposer de responsabilité en regard de sa conservation, si ce n’est en ce qui concerne le coeur de village qu’elle entend revitaliser (orientation n° 1).

Cette négation de l’importance du patrimoine moderne à Sainte-Marguerite-du-Lac-Masson était manifeste dans les exposés des experts lors de la séance publique d’information. Parmi eux aucun professionnel spécialisé en conservation du patrimoine bâti. Si la mairesse a fait l’«histoire» du centre culturel, c’est pour rappeler quelques dates relatives à l’occupation et à la propriété du bâtiment et aux démarches (toutes dénigrées) prises antérieurement pour le sauvegarder. Personne n’a été invité à établir la valeur patrimoine de l’ancien Community Center, même si «la mise en valeur du caractère patrimonial et architectural du bâtiment» est la première exigence avancée dans l’appel d’intention d’achat et de redéveloppement du centre culture lancé le 3 octobre dernier. La proposition retenue par la Ville fut simplement illustrée, sans mentionner le nom de son promoteur et en prétendant qu’elle «redonne ses lettres de noblesse au domaine du baron». Ici comme dans d’autres cas, le patrimoine moderne n’est qu’un prétexte, un argument de vente. FVL, 20-12-2012

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