Grandes figures de la modernité coréenne

C’était était l’occasion de découvrir certaines des figures les plus importantes de l’architecture moderne au fil des visites architecturales, conférences et communications : Jong Soung Kimm, Kim Chung-Up et Kim Swoo-Geun.

Jong Soung Kimm (1935) livra la conférence inaugurale en présentant sa carrière et son oeuvre. Cet architecte n’est pas méconnu à Montréal, il y participa au Congrès de l’UIA en 1990. À la fin des années 1950, Jong Soung Kimm termina ses études d’architecture à l’Illinois Institute of Technology (IIT) à Chicago. Par la suite, de 1961 à 1972, il travailla dans l’agence de Mies van der Rohe, alors qu’entre autres le projet du Toronto Dominion et celui du Westmount Square étaient sur les tables à dessin. Il fut impliqué dans le design des bureaux de la direction de la TD et du principal hall de banque du complexe torontois. De retour à Séoul en 1978, après quelques années d’enseignement à l’IIT, il fonda Seoul Architects Consultants. Pour illustrer sa dette vis-à-vis de Mies van der Rohe, Jong Soung Kimm s’arrêta à cinq de ses réalisations : à Séoul, la bibliothèque de l’Académie militaire (1982), l’hôtel Hilton (1983), un gymnase au jeux Olympiques de 1986, les bureaux du SK Group (1999) et, au bord du lac Bomunho, le musée d’art contemporain Kyongju (1991).

En introduction à sa conférence, Jong Soung Kimm reconnut l’importance cruciale Kim Chung-Up (1922-1988) et Kim Swoo-Geun (1931-1986) dans l’émergence de l’architecture moderne en Corée. Le premier fut un disciple de Le Corbusier, dans l’atelier duquel il travailla quatre ans au début des années 1950. Eui Sung Yi, le président de la conférence, souligna dans la communication qui livra lors d’une séance consacrée à la modernité asiatique, la parenté entre l’oeuvre indienne de Le Corbusier et celle de Jong Soung Kimm. Selon Yi, son compatriote retint du premier le traitement de deux grands plans horizontaux «qui constituent l’essence de l’architecture coréenne et japonaise traditionnelles» : le toit des édifices qui se profile sur le ciel et le territoire qui constitue leur assise. Le chef d’oeuvre de Kim Chung-Up est l’ambassade de France à Séoul.

Kim Swoo-Geun est l’architecte du pavillon de la Corée à Expo 67 qu’il réalisa au début de sa carrière, tout comme la Sewoon Arcade, la mégastructure qui était le sujet de l’atelier étudiant organisé dans le cadre de la conférence. Après des études au Japon et une expérience de travail dans l’agence de Kenzo Tange, Kim Swoo-Geun établit le groupe Espace à Séoul en 1961. Kim Swoo-Geun est bien plus qu’un simple praticien, il fut un patron de l’architecture et des arts à Séoul. En témoigne l’édifice qu’il construisit en 1971 pour loger son agence, à la fois maison et centre culturel. Ce bâtiment en brique marque un tournant dans son oeuvre en réinterprétant la maison urbaine traditionnelle, mais à la verticale. Ce projet annonce ces interventions dans le quartier Daehangon où il adressa le problème de la grande densité, tout en s’inspirant de la morphologie urbaine traditionnelle, comme le démontra Inha Jung dans sa communication. Kim Swoo-Geun en retint la fluidité spatiale et le rapport particulier établi entre intérieur et extérieur, public et privé. FVL, 2014-09-26