Le coeur du Montréal moderne bientôt site patrimonial

Le 13 février dernier, la Ville de Montréal annonçait par communiqué que le comité exécutif a décidé d’amorcer le processus de citation du site patrimonial comprenant Place Ville Marie, le quadrilatère de la gare Centrale et place Bonaventure dans le cadre de la Loi sur le patrimoine culturel du Québec. Un élément majeur du patrimoine urbain moderne du Québec se trouvera ainsi protégé. Cette démarche complète celle amorcée avec la citation du site patrimonial Square-Dorchester-et-place-du-Canada en janvier 2012 en vue de reconnaître la valeur patrimoniale exceptionnelle du centre-ville de Montréal.

Cet ensemble témoigne de la modernisation de la ville au cours des six premières décennies du XX^e siècle. Alors, la ville s’est construite sur la ville : entre les squares Dorchester et Philips et aux abords de la rue Sainte-Catherine, le chic et paisible quartier résidentiel qui avait été bâti au pied du mont Royal à partir de 1860 devient le coeur de la métropole. Ce déplacement est lié à l’importance qu’avait prise le chemin de fer dans une économie canadienne stimulée par la concurrence et le développement de l’Ouest du pays. La concentration des gares ferroviaires à proximité du square Dorchester fut décisive pour la transformation. Le projet d’une troisième gare initié en 1910 est à l’origine d’une intervention de rénovation urbaine sans précédent au Canada, par sa taille et son ambition : à l’est de la rue Mansfield, elle embrasse plusieurs ilots entre les rues Cathcart et Saint-Antoine et associe à la construction du terminus ferroviaire d’un nouveau type, une ambitieuse opération de promotion immobilière. La pénétration ferroviaire par le nord en tunnel et l’implantation du nouveau terminus dans le piémont conduit à superposer le hall de gare aux quais, comme à Grand Central à New York, plutôt qu’à les juxtaposer. L’achèvement de l’entreprise prendra plus de cinquante ans et sera réalisé grâce à la collaboration entre l’entreprise privée et l’État, la compagnie ferroviaire qui avait initié l’opération ayant été nationalisée après la Première Guerre mondiale. Le récit de cette aventure est relaté dans l’ouvrage publié en 2012, à l’occasion du cinquantenaire de Place Ville Marie, l’une des trois pièces urbaines de l’ensemble, avec le Montreal Development Terminal autour de la gare Centrale et Place Bonaventure.

La démarche de patrimonialisation coïncide avec le 100^e anniversaire du début de la construction du tunnel ferroviaire sous la montagne, qui donne naissance à Ville Mont-Royal en 1912, le 50^e anniversaire de l’ouverture de la Place Ville-Marie et le 50^e anniversaire du réseau souterrain de Montréal en 1962, comme le souligne la Ville dans son communiqué. Elle implique une étroite collaboration entre ville centre, arrondissement de Ville-Marie et propriétaires privés. FVL 17-02-2013

Pour aller plus loin…

Ville de Montréal, Portail officiel de la Ville de Montréal, «La Place Ville-Marie, l’îlot de la gare Centrale et la Place Bonaventure appelés à devenir un site patrimonial», communiqué, 13 février 2013, <http://ville.montreal.qc.ca/>, (consulté le 16 février 2013)

Culture Communications Québec,«Site du patrimoine du Square-Dorchester-et-de-la-Place-du-Canada», Répertoire du patrimoine culturel du Québec, <http://www.patrimoine-culturel.gouv.qc.ca/>, (consulté le 16 février 2013)

Isabelle Gournay et France Vanlaethem (dir.), Montréal métropole, 1880-1930, Montréal, Centre canadien d’architecture/Boréal, 1998, 222 p., ill. 

Paul-André-Linteau, Histoire de Montréal depuis la Confédération, Montréal, Boréal, 2000, 628 p., ill.

France Vanlaethem, Sarah Marchand, Paul-André Linteau et Jacques-André Chartrand, Place Ville Marie, l’immeuble phare de Montréal, Montréal, Québec Amérique, 2012, 232 p., ill.