L’ancienne auberge de jeunesse du domaine de l’Estérel détruite
Ce 20 novembre, à l’aube, l’architecte Jean Damecour qui se bat depuis des années pour la sauvegarde du domaine de l’Estérel dans les Laurentides, a fait un constat désolant : le grand chalet en bois rond construit sur le bord du lac Masson pour héberger des jeunes et qui abritait jusqu’à tout récemment un hôtel, brûle. Un bâtiment de plus de l’ensemble de villégiature aménagé à la fin des années 1920 par le baron belge Louis Empain et ses architectes, Antoine Courtens et Louis Nicolas, qui est perdu: précédemment, l’écurie a, elle aussi, passé au feu et, plus récemment, en octobre dernier, l’hôtel de la Pointe-Bleue a disparu sous le pic des démolisseurs.
Voilà des années que le milieu architectural affirme la valeur patrimoniale de cet ensemble qui est une manifestation moderniste des plus précoces au Québec, à commencer par l’architecte Philippe Lupien qui publia un article sur cet ensemble dans la revue Silos en 1987, en continuant par les multiples actions menées souvent conjointement par la Société d’histoire de Sainte-Marguerite-du-Lac-Masson-L’Estérel et Docomomo Québec : conférences, table ronde, visites publiques, publications, représentations diverses,… Mais les autorités font la sourde oreille. La demande de classement de l’hôtel de la Pointe-Bleue introduite par la Société d’histoire fut refusée par le ministère de la Culture, des communications et de la Condition féminine et la Ville de Sainte-Marguerite résiste à se prévaloir du pouvoir que lui concède la Loi sur le patrimoine culturel du Québec en évitant de citer immeuble patrimonial l’ancien centre commercial dont elle est propriétaire et qu’elle utilise comme hôtel de ville et équipement sportif et culturel. Elle envisage même de le vendre : début octobre, elle a lancé un appel d’intentions pour l’achat et la réalisation d’un projet de redéveloppement de ce bâtiment. Pami les exigences minimales posées, est mentionnée «la mise en valeur du caractère patrimonial et architectural du bâtiment». Pourquoi alors ne pas reconnaître officiellement cette valeur ? La Loi sur le patrimoine culturel du Québec continue d’effrayer les municipalités. FVL 20-11-2012
Légende de la photo: Le chalet a été réduit en cendres, malgré l’intervention des pompiers.
Pour aller plus loin
Culot, Maurice et Anne-Marie Pirlot, Antoine Courtens, créateur Art déco, Bruxelles, AAM Éditions, 2002, 118 p., ill.
Vanlaethem, France et Sophie Mankowski, dir., Sur les traces du Montréal moderne et du domaine de l’Estérel dans les Laurentides, Bruxelles, CIVA, Montréal, Docomomo Québec, 2007, 218 p., ill.
Vanlaethem, France, «Le domaine de l’Estérel dans les Laurentides. Une des toutes premières manifestations de la modernité architecturale au Québec», Bulletin Docomomo Québec, n° 6, printemps 2005, p. 1-2.
Ville de Sainte-Marguerite-du-Lac-Masson, Appel d’offres : Appel d’intentions pour l’achat et la réalisation d’un projet de redéveloppement du centre culturel de Sainte-Marguerite-du-Lac-Masson, 3 octobre 2012, en ligne <http://www.ste-marguerite.qc.ca/Fichiers%20temporaires/2012-10-03AppelIntentionsADM201210-24CentreCulturel.pdf> (consulté le 20 novembre 2012)
Ce 20 novembre, à l’aube, l’architecte Jean Damecour qui se bat depuis des années pour la sauvegarde du domaine de l’Estérel dans les Laurentides, a fait un constat désolant : …