Quel avenir pour l’ancien Musée d’arts d’Expo 67 ?

À la différence du moderne, le patrimoine ancien est rare et cette rareté contribue grandement à sa valeur culturelle. Certaines exceptions cependant, notamment, les pavillons d’exposition internationale organisées depuis 1850, dont le sort jusqu’à récemment était d’être démolis, une fois la manifestation terminée. À Montréal, plusieurs des pavillons érigés pour Expo 67 furent conservés  à la suite de la décision du maire Jean Drapeau de poursuivre l’expérience en ouvrant dès l’été suivant, une exposition permanente, Terre des Hommes, qui sera organisée jusqu’au début des années 1980. En 2007, non compris la Ronde, 14 pavillons subistaient selon « L’Étude patrimoniale des témoins matériels de l’Exposition universelle et internationale de Montréal de 1967 », dont le Musée d’Art d’Expo 67. Récemment, la mise en vente de ce dernier a provoqué tout un émoi.

Dès 1968, le pavillon conçu par les jeunes architectes Paul Gauthier, Gilles Guité et Gilles Côté accueillit le Musée d’art contemporain de Montréal et ceci jusqu’en 1992, année de son installation Place des Arts. Selon le Répertoire du patrimoine culturel, le MACM serait la première institution canadienne vouée exclusivement à l’art contemporain. Vendu à Casiloc en 1997, l’ancien Musée devient un entrepôt et un centre de formation pour le Casino de Montréal installé dans l’ancien pavillon de la France sur l’île Notre-Dame. La Gazette officielle du Québec du 25 octobre dernier nous apprend que le gouvernement autorise la filiale de Loto-Québec à disposer de l’immeuble situé au 2190, avenue Pierre-Dupuy, à Montréal, en considération d’un montant qui excède 10 000 000 $.

L’ancien Musée est localisé dans la zone industrialo-portuaire qui s’étend le long du fleuve, à l’ouest du Vieux-Port, au sud de Griffintown, jusqu’à l’autoroute 10, et inclut la Cité-du-Havre. Le Plan directeur du secteur Bridge-Bonaventure adopté par la Ville en mars 2023 vise à le transformer en des « milieux de vie et d’emplois diversifiés, connectés, résilients et carboneutres », auxquels doit contribuer la mise en valeur du patrimoine emblématique, don les vestiges d’Expo 67. L’ancien musée d’art d’Expo 67 est identifié au nombre des « marqueurs territoriaux locaux » qui « participe à la singularité du paysage », alors qu’Habitat 67 et l’élévateur n° 5 et ses silos comptent au nombre des « marqueurs métropolitains », des « icônes de l’identité montréalaise ».

Le Plan directeur de mise en valeur du secteur Bridge-Bonaventure vise à faire de la Cité-du-Havre un « milieu de vie mixte à dominante résidentielle » tout en préservant les valeurs patrimoniales et écologiques. Il prévoit l’implantation regroupées de commerces et services de proximité, visibles de l’avenue Pierre-Dupuy et accessible en transports actifs et collectifs. L’ancien musée pourrait en accueillir puisqu’un usage commercial, communautaire ou institutionnelle est proposé pour l’édifice. De plus est prévue l’actualisation de l’esplanade le reliant à l’ancien Expo-Théatre.

Certains auraient souhaité que l’ancien musée soit protégé en vertu de la Loi sur le patrimoine culturel. Cependant, la demande classement introduite par madame Lucette Lupien n’a pas retenu par le ministère de la Culture et des Communications, l’immeuble n’étant pas d’intérêt national selon ses professionnels.

Par contre, la Société du Parc-Jean Drapeau s’est dit intéressée a en faire un pavillon d’accueil pour le parc qui s’étend sur les îles Notre-Dame et Sainte-Hélène. Souhaitons que sa directrice générale saura convaincre les autorités.