Le dernier géant du mouvement moderne disparaît
À l’aube de ses 105 ans, Oscar Niemeyer s’est éteint début décembre dans un hôpital de Rio de Janeiro après une vie vouée à l’architecture particulièrement prolifique et ceci jusqu’au dernier jour. En 70 ans de carrière, il aura participé à la réalisation de plus 600 oeuvres, dont une vingtaine sont en cours d’exécution dans divers pays. Avec son confrère Lucio Costa, il est le premier architecte du XXe siècle dont une réalisation s’est acquis le statut de patrimoine mondial, Brasilia. Ensemble, ils ont conçu le projet de la capitale du Brésil moderne dans le cadre d’un concours national lancé en 1957 alors que Juscelino Kubitshek présidait aux destinées du pays. Dans la ville dont celui-ci avait été maire dans les années 1940, Belo Horizonte, Niemeyer avait signé ses premières oeuvres d’importance, les équipements du quartier de Pampulha, dont la fameuse chapelle Saint-François d’Assise au toit ondulant. Outre d’exploiter pleinement les potentialités esthétiques propres à ce matériau moderne qu’est le béton, il donnait une interprétation nouvelle du modernisme, plus lyrique, plus sensuelle. Mais son adhésion à l’architecture nouvelle n’était pas uniquement technique et formelle, il en partageait les idéaux sociaux. Il était membre du Parti communiste dont il construisit le siège en France, à Paris, alors qu’à l’époque de la dictature militaire, il s’y était exilé.
Oscar Niemeyer appartient à la génération d’architectes née dans les premières années du XXe siècle et formée dans l’entre-deux-guerres, comme Harry Mayerovitch, John Bland ou Adrien Dufresne au Québec. La visite de Le Corbusier au Brésil dès 1929, fut décisive pour le développement de l’architecture moderne dans ce pays. Au milieu des années 1930, en collaboration avec Lucio Costa, Le Corbusier construisit le siège du ministère de l’Éducation à Rio de Janeiro, un projet auquel Niemeyer participa. A la fin des années 1940, Niemeyer côtoya l’architecte montréalais Ernest Cormier dans le cadre de la construction du siège des Nations unies à New York, tous deux faisant partie de l’équipe internationale de dix architectes formée afin de conduire le projet sous la direction de l’Américain Wallace K. Harrison. Quelques années plus tôt, la valeur de l’architecture brésilienne avait été consacrée par le Musée d’art moderne de New York qui lui avait voué une exposition sous le titre Brazil Builds. Architecture New and Old 1652-1942. Parmi les architectes dont les oeuvres étaient exposées se trouvait Niemeyer. Au fil de sa longue et exceptionnelle carrière, sa figure s’est imposée, au point d’occuper toute la scène de l’architecture moderne brésilienne. FVL 6-12-2012
Pour aller plus loin
Andreoli, Elisabetta et Adrian Forty, directeurs, Brazil’s Modern Architecture, Londres, Phaidon, 2004, 240 p., ill.
Niemeyer, Oscar, Les courbes du temps, Mémoires, Paris, Gallimard, 1999, 215 p., ill.
Niemeyer, Oscar et Nicoletta Trasi, Oscar Niemeyer: permanence et invention, Paris, Éditions du Moniteur, 2007, 88 p., ill.
Clavel, Paul et Gérard Monnier, Brasilia, l’épanouissement d’une capitale, Paris, Picard, 2006, 183 p., ill.
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