L’avenir de l’église Sainte-Famille de Sherbrooke en jeu

Le sort de l’église Sainte-Famille à Sherbrooke, un lieu de culte achevé en 1964, va se jouer le 1^er octobre prochain. Le Conseil municipal doit se prononcer sur la réhabilitation verte de cet édifice patrimonial dont elle est propriétaire depuis 2022, étant donné que la Ville envisage de déposer une demande dans le cadre du programme fédéral des bâtiments communautaires verts et inclusifs dont l’échéance est le 16 octobre.

L’église Sainte-Famille est localisée sur la rive est de la rivière Saint-François, dans l’arrondissement de Fleurimont, en face de l’école primaire des Avenues et non loin du CÉGEP. Elle fut construite en deux temps. En 1944, à la création de la paroisse, le soubassement d’une future église fut bâti sous la direction de Louis-Napoléon Audet (1881-1971), l’architecte de la cathédrale Saint-Michel (1914-1917, 1955-1957). Mise sous toit, cette construction sert de lieu de culte. Dès le milieu des années 1950, son confrère Alphonse Bélanger (1909-1981) prend le relais pour compléter l’édifice. Mais le projet avorte. Finalement, au début des années 1960, il conçoit une grande nef largement ouverte sur le chœur que complète une sacristie. À la différence du sous-sol, structure de la nouvelle partie est en acier.

Le projet de l’administration municipale de Sherbrooke est d’installer une bibliothèque de proximité dans l’édifice. L’arrondissement de Fleurimont est un secteur défavorisé et multiculturel. Certes, la bibliothèque Eva-Sénécal, la bibliothèque centrale n’est à moins de trois kilomètres du site de l’église Sainte-Famille. Mais à Sherbrooke, dont le territoire est accidenté, les distances sont démultipliées. Par ailleurs, la Ville présente un important déficit en ce qui concerne les collections, les places de consultation et les activités offertes en lien avec le livre. Aussi, un tel projet est le bienvenu.

Cependant, le Conseil municipal est partagé : recyclé le bâtiment existant dont la superficie avoisine les 3 000 mètres carrés ou le démolir et construire à neuf un édifice de 1 500 mètres carrés, une surface qui serait suffisante. Voilà le dilemme pour plusieurs conseillers.

Depuis une dizaine d’années, au niveau international, préservation du patrimoine et action climatique sont reconnues comme étant complémentaires. Au Québec, l’organisme Ecobâtiment démontre cette convergence dans l’étude qu’elle a menée sur le recyclage de 12 projets de transformation de bâtiments issus du patrimoine religieux, intitulée « Valoriser les bâtiments existants, phase II : Patrimoine religieux pour le climat ».

Postsciptum

Le Conseil municipal de Sherbrooke a décidé lors de sa séance du 1^er octobre de ne pas introduire une demande dans le cadre du programme pour les Bâtiments communautaires verts et inclusifs. Huit des quinze conseillers ont voté contre la résolution autorisant la Ville à déposer le projet de rénovation afin de concourir pour l’obtention d’une subvention de 17 millions au plus pour un projet évalué à 40 millions. Si la majorité des élus reconnaisse l’intérêt d’une bibliothèque locale dans Fleurimont, si nombre est sensible à la préservation du patrimoine, le coût total  estimé de la réhabilitation effraie les opposants. Au cours de leurs échanges, par contre, peu de considérations, sinon aucune pour l’action climatique.