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Community Center du domaine de l’Estérel, Sainte-Marguerite-du-Lac-Masson, 1936-1937

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Connu aujourd’hui sous la dénomination de centre culturel de Sainte-Marguerite-du-Lac-Masson, le Community Centerdu domaine de l’Estérel est le dernier équipement collectif qui subsiste de ce vaste ensemble de villégiature construit entre 1936 et 1938. Son implantation en bordure du lac Masson découle du plan d’ensemble tracé par l’architecte belge Antoine Courtens à la demande de son compatriote, le jeune baron Louis Empain. Tout comme son père, ce riche héritier avait un vif intérêt pour l’architecture, comme en témoigne la villa qu’il venait de se faire bâtir à Bruxelles. Mais alors qu’Édouard Empain avait oeuvré en Afrique, ouvrant de vastes régions à l’exploitation grâce aux lignes de chemin de fer qu’il y avait réalisées et construisant la ville nouvelle d’Héliopolis, non loin du Caire, Louis était attiré par le Canada, la vigueur de son climat et de ses habitants.

Jouissant d’une immense fortune, en 1934, Louis Empain visita le Québec afin d’y explorer les possibilités d’investissement. Survolant la région des Laurentides, il tomba sous le charme des abords des lacs Masson, Dupuis et Nord dont les rives accidentées lui rappelaient la côte du massif de l’Estérel dans le Sud de la France. L’année suivante, il se porta acquéreur d’un vaste territoire de 17 115 acres, soit environ 7000 hectares, afin d’y aménager un ensemble voué aux activités de plein air d’été et d’hiver, sans pour autant négliger le confort et la vie mondaine.

Dans le plan d’ensemble tracé par Courtens en 1936, l’hébergement collectif et le Community center s’implantent sur les rives du lac Masson, tout comme les résidences individuelles, tandis que les équipements sportifs sont concentrés aux abords du lac Dupuis. L’architecture des bâtiments est résolument moderniste, à l’exception de l’auberge de jeunesse et des chalets en bois rond de facture régionaliste. Par ses lignes épurées et sa blancheur, elle se démarque des styles de facture pittoresque ou classique alors privilégiés pour les ensembles de villégiatures en Amérique du nord. Aussi le domaine de l’Estérel est une manifestation des plus précose de la modernité architecturale au Québec.

Les installations aux abords des lacs Masson et Dupuis furent rapidement construites par la Compagnie immobilière de Sainte-Marguerite qu’avait créé Empain pour réaliser son projet. En 1937, l’hôtel de la Pointe-Bleue accueillit ses premiers résidents et le Community center ouvrit ses portes. L’année suivante, le Sporting club permit de s’adonner aux activités aquatiques ou plus tout simplement de jouir de leur spectacle. Rapidement, le domaine connut au vif succès auprès d’une clientèle fortunée, canadienne et américaine. Mais la guerre mit fin à ces activités.

Le sort du domaine de l’Estérel n’est pas unique; à peine construites, de nombreuses réalisations modernistes de l’entre-deux-guerres furent abandonnées par leur propriétaire, voire réquisitionnées au moment de la guerre. La paix revenue, l’avenir du domaine de l’Estérel était à redéfinir, Louis Empain s’étant désintéressé de ses propriétés outre-Atlantique. Alors que la vaste propriété d’Empain était revendue à des entrepreneurs canadiens-français, l’hôtel fut recyclé en hébergement à vocation sociale, le Sporting Club transformé en hôtel et le Community Center utilisé en centre hippique. En 1977, ce dernier devint la propriété de la Ville de Sainte-Marguerite-du-Lac-Masson qui y a installé l’administration municipale.

Bien qu’ayant été partiellement incendié et qu’étant en bien mauvais état, l’ancien Community Center qui fut dessiné par desservir une clientèle motorisée, présente encore de beaux morceaux : sa cage d’escalier principale, de même que le cabaret-restaurant du 3e étage, la Blue Room, sont encore authentiques, tout comme ses immenses châssis de bois. Son classement à titre de monument historique a été demandé voilà quelques années par la Société d’histoire de Sainte-Marguerite-du-Lac-Masson/Estérel. FVL 23-01-2013

Pour visionner des photographies anciennes 

Société d’histoire de Sainte-Marguerite-du-Lac-Masson et d’Estérel, en ligne http://www.shsme.org/. Consulté le 23 janvier 2013.

Pour en savoir plus

Culot, Maurice et Anne-Marie Pirlot, Antoine Courtens, créateur Art déco, Bruxelles, AAM Éditions, 2002, 118 pages, ill.

Lupien, Philippe, « Centre récréatif à Sainte-Marguerite-du-Lac-Masson », Silo, vol. 1, n° 1, printemps 1987, p. 33-36.

Kurgan, G., van Hentenryk et J. Laureyssens, Un siècle d’investissements belges au Canada, Bruxelles, Université Libre de Bruxelles, Centre d’Études Canadiennes, 1986, 152 pages.

Trépanier, Paul, « Sainte-Marguerite-du-Lac-Masson et Estérel : Le legs du baron Empain », Continuité, n° 52, hiver 1992, p. 33-38.

 


 

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