L’hôtel de ville de Boston, 1962-1968, un des édifices «les plus laids au monde»
Peu d’édifices ont connu une réception aussi contrastée que l’hôtel de ville de Boston, louangé par ceux qui apprécient l’architecture moderne, détesté de bien des Bostoniens et des membres de l’élite politique municipale. Il est une réalisation majeure du mouvement moderne vu le contexte de sa réalisation et l’originalité de son projet qui trouve dans l’architecture de Le Corbusier et de Louis Kahn son inspiration.
Ses architectes, Kallmann McKinnell & Knowles, reçurent la commande à la suite d’un concours national lancé en 1962; toute jeune agence, elle remporta la compétition, son projet étant choisi parmi les 256 envois par un jury composé, entre autres, des architectes Pietro Belluschi, Walter A. Nesch, Ralph Rapson et William Wurster, pour sa «grande monumentalité» et sa puissance symbolique. L’enjeu du projet était non seulement de doter la municipalité des locaux fonctionnels, mais encore d’offrir une nouvelle image de la ville une ambition partagée par les maires démocrates John Hynes et John F. Collins qui dirigèrent la ville au cours des années 1950, pour le premier, 1960, pour le second. La construction du nouvel hôtel de ville s’inscrivait dans le plan de rénovation urbaine du Centre gouvernemental conçu par Adams, Howard & Greeley Consultants, adopté en 1959, et précisé par la suite par I.M. Pei and Partners.
Localisé à la marge du Centre gouvernemental, l’hôtel de ville s’érige sur une immense plaza au revêtement de brique située au pied du versant nord de Beacon Hill, entre les rues Cambridge et Congress, non loin d’un autre site historique, le Faneuil Hall. Tout en béton, l’édifice est cerné d’un haut péristyle formé de doubles piliers, dans lequel s’insère une base de briques contenant les services aux citoyens, surmonté d’un couronnement de deux à trois étages de haut, dont les plans libres accueillent par les services municipaux. D’autres éléments protubérants ponctuent les façades, signalant les espaces les plus significatifs : la salle du conseil, les bureaux du maire et la bibliothèque publique. À l’intérieur, le béton est tout aussi présent, la structure quadrillant les espaces et les pièces de tailles variées s’articulant autour d’un atrium dont les premiers étages sont couverts.
Lors de son inauguration, l’architecture de l’hôtel de ville de Boston fut louangée autant par la presse généraliste que spécialisée. La réception populaire fut plus mitigée. Y concourt la mise en œuvre extensive du béton, pourtant adoucie par la présence de la brique brune, un matériau omniprésent dans certains quartiers, tel l’historique Beacon Hill. Intervient encore le fait que la construction de l’hôtel de ville nécessita la destruction de la ville ancienne, du secteur de Scollay Square, le Red Light local. En 2008, l’édifice fut classé parmi les 10 édifices les «plus laids au monde» par le site Web VirtualTourist.com.
FVL, 31 mars 2019
Pour aller plus loin
«Boston City Hall Celebrates 50th Anniversary» (galerie de photographies), Archdaily, en ligne. Consulté, le 31 mars 2019.
Elser, Olivier et all., SOS Brutalism. À Global Survey, Zurich, Park Books, 2017, 535 pages, ill.
Sirman, Brian M., Concrete Changes: Architecture, Politics, and the Design of Boston City Hall, Amherst, Boston, University of Massachusetts Press, 2018, 244 pages, ill.
Peu d’édifices ont connu une réception aussi contrastée que l’hôtel de ville de Boston, louangé par ceux qui apprécient l’architecture moderne, détesté de bien des Bostoniens et des membres de …