Louis J. Lapierre (1924)
Louis-Joseph Lapierre appartient à la première génération des architectes formés dans le cadre d’un enseignement totalement modernisé, celle des Ray Affleck, Guy Desbarats, Arthur Ericskon, entre autres, et il fut un précurseur en matière d’art intégré à l’architecture. Étudiant à l’École d’architecture de l’Université McGill au tournant des années 1940, il obtient son diplôme en 1952. Deux ans plus tard, il ouvre son agence à Montréal et reçoit ses premières commandes, notamment des Oblats de Marie-Immaculé, les fondateurs de l’Université d’Ottawa, à la résidence desquels il ajoute une chapelle. Au cours de la vingtaine d’années d’exercice en pratique privée, Lapierre construit plus de vingt édifices principalement à Montréal et à Ottawa, pour des institutions francophones. Ses principaux clients sont des communautés religieuses et des paroisses, de même que des entreprises à vocation sociale, telles la compagnie franco-ontarienne d’assurance Union du Canada, la Caisse des pompiers de Montréal et la Caisse d’économie du syndicat de Canadair dans la métropole.
Pour la circonscription montréalaise Saint-Paul, Lapierre conçoit le centre des loisirs Monseigneur-Pigeon, pour les Frères des Écoles chrétiennes, le centre du Mont-de-la-salle à Laval et pour les novices des frères Saint-Gabriel, un gymnase à Pierrefonds. Au nombre ses réalisations les plus remarquables, mentionnons l’église Saint-Gaëtan, un édifice en béton qui se distingue par son toit à la géométrie complexe. À la fin des années 1960, la firme Martineau, Lapierre, Murray & Murray, auquel il est associé, trace le plan directeur de l’Université d’Ottawa et construit plusieurs pavillons. En 1975, Lapierre entre au service de Travaux publics Canada pour lequel il travaillera jusqu’en 1990.
L’intérêt de Lapierre pour les arts plastiques date de ses années de formation à McGill, où il a eu entre autres comme professeur, les artistes Arthur Lismer et Gordon Webber. Régulièrement, dans le cadre de ses contrats, il fait appel à des artistes, les associant étroitement au processus de création, comme en témoignent Marcel Braitstein, Yves Trudeau et Laure Major dans la revue Architecture Canada en 1967. Il qualifie une telle collaboration de « créative» et d’exploration esthétique des matériaux et des formes visant à conférer une «signification plus universelle» au fonctionnalisme. Cette intention fait écho au fameux manifeste sur la monumentalité nouvelle écrit par l’architecte Josep Lluís Sert, le peintre Fernand Léger et l’historien et critique Sigfried Giedion en 1944.
Deux murales, abstraite et figurative, de Marcel Bellerive sont intégrées au centre Monseigneur Pigeon à Montréal. Pour le gymnase, Mario Merola dessine le carton d’une murale réalisée en blocs de béton. Devant la principale façade vitrée de la Caisse d’économie des pompiers de Montréal, Braitstein installe une grande sculpture métallique filtrant la lumière et le regard. À Ottawa, le rapport entre architecture et art est encore plus «organique», pour reprendre les termes de Lapierre, Laure Major ayant collaboré à la composition des façades abondamment vitrées, transformant le bâtiment en une oeuvre d’art d’échelle urbaine.
Réalisations
Chapelle des Oblats de Marie-Immaculé, Ottawa, 1957.
École primaire St-Jean (aujourd’hui, Jeanne-Leber), Montréal, 1957.
École Saint-Bernardin de Sienne, Montréal, 1958.
Centre des loisirs Monseigneur Pigeon, Montréal, 1959.
Caisse d’économie Canadair, Ville Saint-Laurent, 1959.
École industrielle Saint-Joseph, Alfred, Ontario, 1961.
Gymnase et piscine, Alfred, c. 1961.
Centre de loisirs Saint-Charles, Montréal, 1962.
Pensionnat Mont Saint-Joseph, Ottawa, 1962.
Gymnase du noviciat des Frères Saint-Gabriel, Pierrefonds, Québec, 1963.
Caisse d’économie des employées du Canada national, Montréal, 1963.
Caisse d’économie des pompiers de Montréal, Montréal, 1964.
Centre du Mont-de-la-Salle, Laval, c. 1965.
École Jean XXIII (aujourd’hui édifice Jean XIII), Gatineau, Québec, c. 1965.
Église Saint-Gaëtan (aujourd’hui, Première église évangélique arménienne), Montréal, 1967.
Siège social d’Union du Canada, Ottawa, 1968.
Pensionnat du Mont-Saint-Joseph, Ottawa, c. 1967.
Église Sainte-Catherine, Pikogan, Amos, Québec, 1968.
Plan directeur de l’Université d’Ottawa, 1968 (en association).
École de génie, Université d’Ottawa, 1968 (en association).
Bibliothèque centrale, Université d’Ottawa, 1970 (en association).
Pavillon des services, Université d’Ottawa, 1970 (en association).
École polyvalente Henri-Bourrassa, Montréal, s.d.
École Vanier, Ottawa, s.d.
Caisse populaire Saint-Joseph-de-Bordeaux, Montréal, s.d.
Immeuble de bureaux de l’Association internationale des machinistes, Montréal, s.d.
Immeuble administratif de la Commission des écoles séparées, Ottawa, s.d.
Laboratoire Octo de produits pharmaceutiques, Montréal, s.d.
Bibliographie
-, «Caisse d’économie des Pompiers de Montréal», Architecture Bâtiment Construction, vol.XX, n°232, août 1965, p.15-18.
-, «Catalogue des Arts connexes», Journal Royal Architectural Institute of Canada, vol.I, n°10, octobre 1966, p.5, 8,14,18 et 23.
-, «Centre du Mont-de-la-Salle, Laval-des-Rapides», Architecture Bâtiment Construction, vol. XX, n° 233, septembre 1965, p. 44-47
-, «École Jean XIII, Gatineau», Architecture Bâtiment Construction, vol.XX, n°235, novembre 1965, p. 54-56.
-, «[Laboratoire Octo Ltd.], Architecture Canada, vol. XXV, n° 287, septembre 1970, p. 30
-, «[Gymnase du Noviciat des Frères St-Gabriel], Architecture Bâtiment Construction, vol. XVIII, n° 208, août 1963, p. 36-37.
Anita Aarons, «The Integrators Speak Part 1», ARCAN, n°1, janvier 1967, p.17-19.
Claude Bergeron, L’architecture des églises au Québec, 1940-1985, Québec, Les Presses de l’Université Laval, 1987, p. 316-318.
Laurent Lamy et Jean-Claude Hurni, Architecture contemporaine au Québec, 1960-1970, Montréal, L’Hexagone, 1983, p. 40-41.
Sigfrid Giedion, «Neuf Points à propos de : la monumentalité, un besoin humain» (résumé d’après J.-L. Sett, Fernand Léger et S. Giedion), Sigfried Giedion, Architecture et vie collective, Paris, Denoël/Gonthier, 1980 (1956), p. 61-65.
Jacques Vary, ««Centre Mgr Pigeon à Montréal», Architecture Bâtiment Construction, vol. XV, n° 172, août 1960, p. 38-41.
Louis-Joseph Lapierre appartient à la première génération des architectes formés dans le cadre d’un enseignement totalement modernisé, celle des Ray Affleck, Guy Desbarats, Arthur Ericskon, entre autres, et il fut …