Le projet de conversion du centre culturel est choisi
En janvier dernier, à la suite de l’appel de propositions lancé en octobre, le Conseil municipal de Sainte-Marguerite-du-Lac-Masson a mandaté la mairesse et la directrice générale de la Ville pour négocier avec HBO Construction Inc. une entente pour la vente et la revalorisation de l’ancien Community Center (1937) du domaine de l’Estérel. Le comité d’évaluation a jugé que parmi les trois offres déposées, celle d’HBO Construction Inc. est la seule qui répond à tous les objectifs établis, entre autres celui de «la préservation des caractéristiques architecturales et patrimoniales» du bâtiment. Pour avoir une idée du projet, il faut lire le Journal des Pays-d’en-Haut La Vallée du 24 janvier 2013 où un dessin de la grande façade côté lac du bâtiment est publié.
Si j’étais citoyenne de Sainte-Marguerite-du-Lac-Masson, vu les informations diffusées par la Ville, je me poserais quelques questions à propos du déroulement du processus et de ses résultats. Si le dossier du centre culturel est traité dans les Actualités du site WEB de la Ville, les procès-verbaux des séances du conseil municipal où des décisions le concernant ont été prises ne sont pas en ligne. Le dernier publié est celui de la séance extraordinaire du 13 décembre 2012 où les études sur l’état du centre culturel avaient été déposées et des analyses additionnelles commandées.
Première question, quelles étaient la composition du comité d’évaluation des propositions et la méthode suivie pour les départager ? Dans toute «compétition», la légimité du choix ne dépend-elle pas grandement de la crédibilité de ceux qui sont appelés à juger ? Le bien-fondé du choix ne doit-il pas être argumenté ? Il ne suffit pas de répéter les objectifs définis au départ pour convaincre de l’adéquation du projet retenu.
Au nombre des exigences de la Ville est ciblée «la viabilité garantie du projet proposé». Qu’est-ce qui assure que la région de Sainte-Marguerite-du-Lac-Masson-Estérel a suffisamment de potentiel pour attirer le nombre de clients nécessaires pour rentabiliser un autre «centre récréatif et hôtelier» ? L’hôtel Estérel qui, sur les bords du lac Dupuis, a remplacé dans les années 1950 l’ancien Sporting Club, ne vient-il pas d’être rénové et agrandi ? Le nouvel Estérel Resort n’offre-t-il pas deux tout nouveaux hôtels-boutiques et de nombreuses activités sportives et divertissantes ? La plupart des hôtels sur la route 370, entre l’autoroute des Laurentides et Sainte-Marguerite, n’ont-ils pas été fermés ces dernières années ? Ne faut-il pas privilégier pour la reconversion du centre culturel de Sainte-Marguerite des fonctions qui complèteraient les attraits et les commodités des lieux plutôt que de les multiplier.
Comment la proposition retenue assure-t-elle «le maintien des acquis, notamment les courts de tennis et la plage» ? Comment va s’insérer aux abords d’un quartier résidentiel un «centre récréatif et hôtelier» ? Comment vont se côtoyer ses clients, utilisateurs sans doute exclusifs de la piscine planifiée en lieu et place de la rue du Parc, et les usagers de la plage municipale publique ? Où les premiers vont-ils garer leurs voitures ? Le dessin laisse penser que toute la zone entre l’immeuble et la rive du lac Masson sera d’un usage uniquement privé. Rappelons que le candidat retenu, HBO Construction Inc., est déjà propriétaire du terrain riverain où s’élevait l’auberge du Baron, ce qui est un atout pour son projet.
Mais je ne suis pas citoyenne de Sainte-Marguerite-du-Lac-Masson. Je suis une «amateure» de patrimoine moderne, certes éclairée. Professeure associée à l’École de design de l’UQAM, je centre mes recherches sur ce sujet depuis vingt ans. Aussi, une question ultime s’impose ?
En quoi la proposition retenue met-elle «en valeur le caractère patrimonial du bâtiment et ses caractéristiques architecturales» ? Suffit-il de reprendre des éléments pour « préserver les caractéristiques architecturales et patrimoniales» comme le prétend la Ville ? Suffit-il que le bâtiment projeté ressemble à l’existant ? Une telle condition ne saurait satisfaire. L’intervention sur le patrimoine exige la mise en oeuvre de critères et de méthodes particulières éprouvées, dont des organismes comme Docomomo et ICOMOS assurent la diffusion. À la suite de la reconnaissance de la valeur de l’immeuble dans le cadre de la Loi sur le patrimoine culturel, ce chantier de reconversion pourrait être l’occasion de mettre en commun les compétences existantes en la matière, qu’elles soient administratives, professionnelles ou intellectuelles, pour réaliser un projet exemplaire, attirant et rentable. France Vanlaethem 2013-02-11
Sources
Houle, Isabelle, «La Ville accepte la proposition de HBO Construction», Journal des Pays-d’en -Haut La Vallée, en ligne http://www.lejournaldespaysdenhautlavallee.ca/2013/01/24/la-ville-accepte-la-proposition-de-hbo-construction. Consulté le 11 février 2013.
Ville de Sainte-Marguerite-du-Lac-Masson, «Actualités : Dossier du centre culturel», http://www.ste-marguerite.qc.ca/actualites.html#2013012101.html. Consulté le 11 février 2013.
Ville de Sainte-Marguerite-du-Lac-Masson, «Le Conseil : Procès-verbaux», en ligne http://www.ste-marguerite.qc.ca/pv_liste.html. Consulté le 11 février 2013.
En janvier dernier, à la suite de l’appel de propositions lancé en octobre, le Conseil municipal de Sainte-Marguerite-du-Lac-Masson a mandaté la mairesse et la directrice générale de la Ville pour négocier avec …